XD
Je sens que ce chapitre va être le plus betalecturé du monde. XD *câlin à tout le monde qui s'est proposé*
Bon alors. heuuu. *essaye de s'organiser* *y arrive pas*
J'ai essayé de me faire une petite liste de personnes à qui envoyer le chapitre, mais je peux pas choisir, je me sens méchante ;_; et en plus j'ai la grosse flemme de l'envoyer à quelqu'un, corriger ce que je veux corriger, l'envoyer à quelqu'un d'autre etcetera. Je crois que je vais juste le poster ici, et vous pouvez soit m'envoyer la betalecture par mail, soit dans un commentaire. S'il vous plait, arrangez-vous pour que je voie vos corrections(en les mettant entre * * ou / / ou en gras ou d'une autre couleur, qu'importe tant que ce que vous avez changé me saute aux yeux)
Les fautes de frappes, erreurs d'accords et tout, je serai contente de les voir corrigées, mais ce qui m'intéresse surtout, c'est les tournures de phrases qui sonnent pas françaises. L'anglais veut pas me laisser partir, sérieux. T_T
(Meanne m'a fait certaines corrections la dernière fois que j'ai posté un extrait, mais je suis flemmarde alors j'ai pas fini de corriger le texte. Pardooon. Vous en faites pas si vous répétez, c'est juste une preuve que c'est vraiment un truc à changer d'urgence)
Quand ils avaient su que la base presque abandonnée où Zechs avait réparé le Gundam de Heero allait passer des mains d'OZ à la nouvelle faction militaire de Romafeller (nommée très intelligemment Armée de Romafeller, ou AR), et qu'ils s'étaient rendus compte que les diagrammes de construction de Wing étaient probablement toujours stockés là-bas, le choix de pilotes s'était fait de lui-même : Trowa connaissait la base et les trois autres étaient toujours en train de trifouiller dans leurs Gundams. Mais maintenant qu'il y était, Quatre se demandait franchement ce qu'il glandait en Antarctique.
Premier problème : il était seul avec Trowa.
Peut-être n'était-ce plus réellement un problème maintenant qu'ils avaient arrangé leur différent, mais c'était quand même ennuyeux. Quatre se devait de faire passer sa mission avant sa vie sentimentale et c'était ce qu'il faisait, aussi ne craignait-il pas de se laisser distraire au mauvais moment; il était plus professionnel que ça.
Mais quand ils ne planifiaient pas, et qu'il pouvait enfin penser à autre chose qu'à son devoir, le seul sujet qui lui venait en tête était : comment faire changer Trowa d'avis? Et pour le moment, il n'en avait pas la moindre idée. Avoir une chance avec Trowa était une surprise énorme et une responsabilité encore plus grande; il en venait presque à regretter le temps où il était persuadé qu'il n'arriverait jamais à rien et qu'il se contentait de rêver en secret. Au moins c'était plus facile. Mais il n'était pas assez lâche pour ne pas saisir sa chance quand elle lui passait devant...
... seulement pas très inspiré.
Second problème: Trowa le lui avait dit. Heero le lui avait dit. Il le savait lui-même, intellectuellement. Mais savoir intellectuellement que l'Antarctique, c'est FROID, et le ressentir jusque dans la moelle de ses os, c'est différent.
Le guépard frissonna et se mit à fouiller son sac à la recherche d'un autre pull à enfiler par dessus les trois qu'il portait déjà. Malheureusement, le seul qu'il avait était trop petit pour passer par-dessus; il aurait dû le mettre en premier et il n'y avait pas moyen qu'il enlève ceux qu'il portait, même une seconde. A défaut de mieux, il le jeta sur ses épaules comme un châle et croisa les bras, frissonnant.
Si c'était ça à l'intérieur d'une maison étanche et vaguement chauffée, il ne voulait pas savoir ce que ce serait à l'extérieur avec du vent. Il espérait juste que la mission nécessiterait les Gundams. Ils avaient des radiateurs. Quoique vu qu'ils allaient devoir être discrets...
Enfin, tout ça dépendrait des renseignements préliminaires; Trowa devait être en train de lire les relevés des radars pour déterminer à quelle distance les Gundams pourraient s'approcher. Frissonnant toujours, l'arabe sortit de la chambre et le rejoignit.
-Alors, quoi de neuf? demanda-t-il, souriant poliment.
Trowa ne souriait pas. Son regard n'était pas pensif comme d'habitude, mais sérieux, même un peu grave.
-Les Rommies sont en avance.
* * * * * *
Duo avait passé les cinq derniers jours à tester sans relâche le fonctionnement des nouveaux lance-flammes de Deathscythe, et ça semblait marcher, quoique pas encore parfaitement.
Il finit de taper les résultats de son dernier recalibrage et envoya le document à Howard avec un soupir de soulagement. Enfin, la tâche si ennuyeuse était finie! Il jeta un coup d'œil à l'horloge de son ordinateur. Seulement cinq heures de l'après-midi, il était plus tôt que ce qu'il aurait cru. Il eut un sourire. Pas qu'il n'avait pas adoré passer des heures à bricoler pour ajuster son nouveau joujou, mais enfin, un peu de temps pour lui-même! Que faire...?
'Ca fait longtemps que j'ai pas passé un peu de temps avec Heero,' pensa-t-il avec un sourire amusé. Pour une fois que c'était lui qui délaissait son ami pour cause de rapport à taper... Il se leva d'un bond, s'étira, et partit d'un pas énergique à la recherche de son partenaire.
Heero était à l'arrière de la ferme, dans le pré du fond, en train de se battre avec Wufei. Duo se sentit alarmé pendant un moment, jusqu'à ce qu'il réalise qu'ils s'entraînaient. Quand Wufei réussissait à toucher Heero, Heero imitait son mouvement pour se le mettre en tête et Wufei lui montrait comment le bloquer, ou vice-versa. Pour ajouter un peu de difficulté, ils ne le faisaient pas dans l'ordre. Quelquefois Wufei sortait un nouveau coup alors que Heero en était toujours à répéter le premier et Heero devait inventer un autre moyen de parer.
Duo les observa pendant un long moment. Ces formes stylisées de combat ne lui étaient pas vraiment familière, il était surtout doué en street-fight et "tous les coups sont permis", mais à regarder, c'était magnifique, presque comme une danse. Heero et Wufei avaient tous les deux un rythme, un équilibre, une grâce, qui rendait ce qu'ils faisaient aussi beau que mortel.
Pendant tout le temps qu'il les regarda, ils n'échangèrent pas un mot. Synchrones... apparemment c'était loin d'être la première session de ce type qu'ils avaient. Il ne savait même pas s'ils savaient qu'il était là; ils n'en donnaient pas l'impression, et pourtant leurs sens surdéveloppés auraient dû les prévenir... Mais ils semblaient si totalement concentrés l'un sur l'autre qu'au final, il n'aurait pas été surpris d'apprendre qu'ils avaient oublié le reste du monde.
Après une demi-heure, ils n'avaient toujours pas l'air de ralentir. Il s'aperçut que Wufei l'avait vu, mais puisqu'il n'avait pas l'air surpris, Duo en conclut que le garçon l'avait senti venir à un moment ou à un autre.
Le chinois recula d'un bond et quitta sa position de combat, désignant Duo du menton. Heero se retourna, essuyant la sueur sur son front d'un revers de bras.
-Tu voulais quelque chose? demanda-t-il.
Comme s'il avait besoin de vouloir quelque chose pour venir les voir, se dit Duo.
-Non, répondit-il simplement.
Heero cligna des yeux, puis se retourna vers Wufei comme s'il allait reprendre l'entraînement sans plus se soucier du visiteur. Wufei vit les yeux de Duo s'étrécir et se dit que Heero avait peut-être beaucoup changé, mais il avait quand même des moments de totale insensibilité.
-Tu veux pratiquer, Maxwell? demanda-t-il.
Duo eut un grand sourire et approcha d'un pas énergique.
-Ouais, bien sûr!
Heero fronça des sourcils à l'encontre de Wufei, comme s'il lui reprochait d'avoir invité le pilote à la natte, et Duo se sentit soudain malvenu.
-Je dérange? demanda-t-il avec un sourire qui était un peu moins sincère que le précédent.
Heero cligna des yeux et se rendit compte de la manière dont ses actions pouvaient être interprétées.
-Ce n'est pas ça, mais... Duo, tu n'es pas un garou, et...
-Parce que je suis pas un garou, je peux pas me battre avec vous? T'es un bon combattant, et Wufei aussi, mais je sais me défendre. En plus, aucun d'entre vous ne saigne, donc pas de risques de contamination, et puis, un peu d'entraînement ne me ferait pas de mal non plus.
-Ce n'est pas ça, essaya d'expliquer Heero. On est plus résistant et plus forts, on pourrait te frapper trop fort et ne pas se rendre compte...
-Yuy, rassure-moi, le coupa Duo d'un ton soudainement froid. Tu n'es pas en train de me dire que je suis trop faible et trop fragile pour t'affronter?
-Non, mais... soupira le garçon.
Mais Duo pouvait lire sur son visage, clair comme le jour, que c'était exactement ce qu'il pensait.
Wufei grinça des dents et s'écarta prudemment.
Soudain, Duo en avait assez. Il avança jusqu'à être presque nez à nez avec Heero, et lui décocha calmement un coup de pied dans le tibia, le faisant chanceler en avant. Agrippage de t-shirt, coup de poing au ventre, poussée -- avant qu'il ait eu le temps de penser à réagir, Duo l'avait flanqué par terre.
-J'ai passé ma vie entière à trouver des moyens de casser la gueule à des mecs plus forts et plus résistants que moi, lâcha-t-il avant de faire demi-tour et de rentrer dans la maison.
Heero resta étalé par terre à le regarder s'éloigner, ébahi.
-Alors là, félicitations, Yuy, commenta Wufei d'un ton cynique, lui tendant la main pour le relever. C'est ce qu'on appelle mettre les pieds dans le plat, et en beauté.
-Mais qu'est-ce que j'ai dit? demanda-t-il, éberlué.
* * * * * *
Habituellement, Noin se considérait comme étant une jeune femme calme, raisonnable et professionnelle.
Habituellement.
Quand Zechs ne paradait pas devant des soldats d'une faction rivale en essayant de prétendre qu'il allait parfaitement bien.
Enfin, elle devait avouer que c'était uniquement parce qu'elle le connaissait bien qu'elle remarquait sa pâleur inhabituelle et la fatigue dans ses gestes. Il le dissimulait aux autres officiers avec un brio hallucinant... Mais s'il y avait eu une autre solution que de l'envoyer superviser la passation de pouvoir sur cette base en personne, elle l'aurait probablement enfermé dans sa chambre pour qu'il se repose.
Quoique... finalement, non, l'enfermer n'était pas une bonne idée, se dit-elle en se rappelant cette nuit trois semaines plus tôt... la nuit de la dernière pleine lune.
~flashback~
-Le périmètre est bouclé correctement?
Noin hocha la tête, se refusant à commenter sur le ton encore plus sec que d'habitude d'Une et son air suspicieux. Elle détestait le colonel cordialement, mais elle comprenait combien Une était stressée, aussi se refusa-t-elle de se sentir outragée par l'implication qu'elle faisait mal son travail.
Dans l'autre coin de la petite pièce douillette, Otto trafiquait un système de surveillance, l'améliorant à ses spécifications. Noin était contente qu'il ait réussi à convaincre Une de le laisser venir. Il était un bon soldat, très compétent en mécanique et tout aussi dévoué à Zechs qu'elle, peut-être même plus. Lui aussi était énormément inquiété par l'état instable de Zechs.
Zechs et Treize étaient tombés malade (ou avaient été empoisonnés, personne ne savait au juste) presque un mois auparavant, quelque temps après la capture manquée des pilotes. Aucun des docteurs qui les avaient examinés n'avait été capable de déceler quoi que ce soit et de peur de révéler une faiblesse à leurs ennemis, Une avait décidé d'emmener Kushrenada dans une retraite secrète. Noin avait dû déployer des trésors de persuasion pour la convaincre de prendre Zechs aussi.
La seule chose que les docteurs décelaient d'anormal était les taux d'hormones absolument insensés, mais à part les sautes d'humeur, cela n'expliquait rien; ni la manière dont leur ouie devenait soudain hypersensible, dont ils se rendaient malades à sentir des choses dont personne d'autre qu'eux n'était conscient, ni la vitesse à laquelle ils se fatiguaient, ni les réactions bizarres, à la limite de la psychose, que les deux hommes exhibaient, et encore moins pourquoi les injections pour rétablir un taux d'hormones normal ne fonctionnaient jamais.
Ils ne savaient même pas d'où c'était venu. Avant que ça ne devienne un réel problème, Une avait mis l'irritabilité exacerbée de Kushrenada sur le compte de l'évasion du pilote 05 et avait essayé de ne pas le prendre personnellement. La seule chose qu'ils savaient, c'était qu'apparemment Treize avait été touché plus tôt, et avait contaminé Zechs avec la transfusion.
Noin était à moitié sûre que c'était de la faute de Chang Wufei. Ce serait bien son genre d'infiltrer leur base dans le seul but d'infecter Général Kushrenada avec un nouveau virus ou agent biochimique. Il n'avait pas hésité une seule seconde à faire exploser les dortoirs de ses Cadets plutôt que de se fatiguer à détruire les Mobile Suits qu'ils devraient piloter, après tout.
La jeune femme s'adossa au mur de bois, bras croisés, et considéra pensivement la petite pièce. Le chalet de montagne n'était pas très grand, à peine suffisant pour leur petit groupe. La seule chambre à coucher n'avait que deux lits, occupés par Kushrenada et Merquise. Une, Otto et elle devraient probablement alterner l'occupation du canapé.
-Comment vont-ils? se décida-t-elle à demander à voix basse.
Une haussa les épaules d'un geste brusque et se leva pour aller jeter un coup d'œil à la carte de la région sur le mur. Noin ne savait pas ce qu'elle cherchait, vraiment; si elle avait choisi ce coin là c'était bien parce qu'aux alentours, il n'y avait rien.
-Leur état est stationnaire, lâcha-t-elle sans se retourner pour lui faire face, les épaules crispées.
Noin comprit qu'elle mentait.
-Ils n'ont toujours pas repris conscience? demanda-t-elle pour confirmer, essayant de ne pas se laisser submerger par l'inquiétude.
-C'est ce que je viens de dire, non? répliqua Une agressivement.
Otto lui jeta un coup d'œil compatissant et Noin se calma. Elle ne pouvait pas voler dans les plumes d'Une, aussi satisfaisant que ça puisse être. D'une c'était sa supérieure et de deux ça n'arrangerait rien. Zechs et le général Kushrenada seraient toujours en train de-- non, pas en train de mourir. Ils allaient se rétablir bientôt. Elle le savait. Ils avaient subi pire que ça et s'en étaient sorti...
Pour une fois elle regrettait de ne pas fumer. Elle en aurait bien eu besoin.
Elle se redressa et se dirigea vers la porte de la chambre en silence, saisie par le besoin de vérifier. Sa main était sur le poignée quand Une remarqua ce qu'elle faisait.
-Ils se reposent! Laisse-les tranquille.
A ce moment, Noin entendit un mouvement à travers la porte.
-Il y en a un qui est réveillé, répondit-elle, contente de l'excuse.
Elle ouvrit la porte prudemment. Par réflexe, Otto étendit la main pour éteindre la lumière, sachant qu'il y avait une bonne chance que leurs supérieurs y soient hypersensibles, et elle lui lança un sourire de remerciement.
Il ne l'éteignit pas assez vite pour qu'elle ne voie pas le double reflet étrange dans l'un des lits, comme deux lucioles dans le noir.
Les yeux de Treize étaient ouverts et il la regardait.
-Général...? appela-t-elle doucement, pas certaine qu'il soit d'humeur à se laisser approcher.
-Où sommes-nous?
Elle se détendit. Il sonnait normal.
-En Suisse, mon général.
Une la bouscula et entra dans la pièce. Treize se redressa lentement, et Une donna l'impression qu'elle allait se précipiter pour l'aider. Mais il leva la main pour lui dire de ne pas approcher, et elle se figea.
-Monsieur Treize...
Elle semblait surprise, un peu blessée, et Noin la comprenait ; elle aussi aurait été blessée si Zechs lui avait interdit d'approcher. Mais elle comprenait Treize aussi. Pendant une fraction de seconde, alors que Une avait été prête à s'élancer, elle avait vu les muscles de son supérieur se tendre brièvement et son expression se durcir, comme s'il avait été au bord d'une autre de ses étranges crises de fureur. Il était assez sain d'esprit pour se rendre compte à quel point il était instable.
-De l'eau, s'il vous plaît, Lady Une ? la coupa-t-il avec une version fatiguée de son sourire charmeur.
Une hésita, puis, apparemment rassurée par son expression calme, fit demi-tour pour aller lui remplir un verre d'eau. Noin resta près de la porte, jetant un regard à Zechs qui dormait d'un sommeil agité, les jambes emmêlées dans ses couvertures et ses longs cheveux blonds collés à sa peau humide de sueur. Suivant son regard, Treize observa son subordonné d'un air impénétrable, puis se tourna vers la brunette.
-Où sommes-nous, lieutenant ?
-Alpes Suisses, près de Genève, un chalet dans la forêt, mon Général. Votre état s'aggravait et le colonel Une a jugé prudent de vous mettre à l'abri en attendant votre rétablissement.
-Quel jour sommes-nous ? demanda-t-il, continuant son interrogatoire méthodiquement.
Elle lui donna la date, rassurée de voir que son cerveau de tacticien était déjà en train de travailler sur le problème.
-... Cinq jours depuis mon dernier souvenir précis, remarqua-t-il à voix basse. Qui est au courant ?
-A part le colonel Une et moi-même, juste le lieutenant Otto, mon Général.
Son regard se fit vague pendant une seconde, comme si son attention était attirée ailleurs, et elle eut peur qu'il ne dérive encore.
-... C'est lui, l'homme dans l'autre pièce, alors, murmura-t-il, comme pour lui-même.
Noin hocha la tête, puis se dit qu'elle ne lui avait pas dit qu'il les avait accompagnés, alors comment savait-il où il était?
-Comment va Zechs ? lui demanda-t-il avant qu'elle ait pu poser la question.
Elle se mordit la lèvre.
-... Il n'a plus été lucide depuis dix jours, mon Général. Il alterne crises de douleurs, sautes d'humeur et ... crises de... ce qu'on ne peut qu'appeler démence. D'ailleurs...hésita-t-elle.
-... Ca m'arrive aussi, termina Kushrenada d'une voix pensive.
Derrière Noin, il y eut un éclat de voix étouffé, et elle se retourna juste à temps pour voir Une lâcher le verre plein d'eau, qui roula sur le plancher en éclaboussant ses bottes. Ses yeux étaient écarquillés et la jeune femme aux cheveux courts ne l'avait jamais vue avec cette expression ouverte et vulnérable.
-Lady...
-Je vais vous chercher un autre verre, lâcha-t-elle en disparaissant à nouveau.
Noin se demanda quand elle s'était détachée les cheveux.
Treize soupira, l'air un peu triste.
-Vous vous en rappelez, mon Général ?
-Pas réellement, répondit-il avec un sourire sans humour. Les souvenirs sont là, mais ils sont trop confus pour que je les comprenne. Et je ne vais pas essayer de les démêler maintenant, ajouta-t-il calmement, cela risquerait de provoquer une autre crise.
Il redevint silencieux, son regard vague une fois encore, et le lieutenant Noin décida de le laisser penser. Elle faisait confiance à ses capacités mentales. Et elle ne savait pas trop que demander.
* * *
Une revint, verre d'eau à la main, mais s'arrêta près de la porte, incertaine. Il lui fit signe de venir à son côté, et elle s'approcha à petits pas, son expression anxieuse et adoratrice à la fois. Gênée, Noin détourna le regard et s'adossa au mur près de la porte, à l'extérieur de la pièce. Ca semblait trop personnel pour qu'elle y assiste, mais elle ne pouvait s'éloigner plus que ça. Si Treize avait une crise maintenant, Une aurait besoin d'aide immédiatement.
Elle entendit Treize boire, un froissement de draps comme s'il se redressait lentement et difficilement dans son lit, et puis, après un moment de silence, sa voix basse et harmonieuse.
-Il y a quelque chose au fond de moi qui se bat pour sortir... et si je ne reste pas calme et en contrôle de moi-même à chaque instant, il me dévorera. J'ai besoin que vous restiez forte pour moi, Lady. Quand vous êtes en désarroi, je souffre aussi.
Otto et Noin échangèrent un regard de sympathie, aussi inconfortables l'un que l'autre, puis retournèrent à leur tentative de passer pour du papier peint.
-... Je comprends, murmura le colonel de sa voix douce et presque timide. Je me maîtriserai mieux à l'avenir, monsieur.
-Je vous remercie.
Embarrassée, Noin s'éloigna en silence, restant hors de vue, et alla rejoindre Otto pour voir où il en était.
Deux minutes plus tard, la voix d'Une s'élevait, de nouveau autoritaire et froide.
-Lieutenant Noin, lieutenant Otto. Général Kushrenada vous demande.
Il était en sueur, pâle et les mains imperceptiblement tremblantes, et bien qu'ils se soient habitués à le voir décoiffé quand il était inconscient, les deux lieutenants ne purent s'empêcher d'échanger un rapide regard de surprise à la vue de ses mèches en bataille, trempées de sueur.
-Mon Général, vous semblez fatigué...
-Je me reposerai plus tard, trancha-t-il, fronçant les sourcils.
Plutôt que de provoquer son tempérament instable, ils acquiescèrent.
-Quelle est la situation ?
Ils lui expliquèrent tour à tour comment ils les avaient enlevé Zechs et lui, puis pourquoi la montée en influence de commandants rivaux de Treize, dans OZ et d'autres groupes, l'avait rendue nécessaire. Sans Treize pour les forcer à le suivre ou à s'unir contre lui, ils commençaient à essayer d'échapper à son influence. Romafeller, qui avait été la maison mère de OZ avant la sécession, restait leur adversaire le plus inquiétant, mais des colonies comme de nombreuses régions du globe, des soldats, des mercenaires, des politiques venus de diverses classes sociales s'unissaient selon leurs intérêts pour faire valoir leurs propres revendications.
Fatigué, Treize ferma les yeux.
-... Au moins ils ne s'unissent pas contre nous.
Il pouvait déjà entrevoir le défi que ça serait de convaincre la plupart de ces partis, de ces factions de se ranger une fois encore sous la bannière d'OZ, et de détruire ceux qui n'accepteraient pas de se ranger à leurs côtés pour le bien commun, trop obnubilés par leurs intérêts propres pour se soucier des intérêt de la race humaine elle-même.
S'ils ne le suivaient pas, il les détruirait. Il était déjà résigné à faire le deuil des inévitables entêtés, mais ça n'était pas ça qui allait l'arrêter.
* * *
Ils continuèrent à discuter à voix basse pendant plusieurs minutes. Au début, Noin vérifia régulièrement qu'ils ne dérangeaient pas Zechs; il avait besoin de repos. Mais comme il ne bougeait pas, elle cessa de s'inquiéter.
Le grondement derrière elle la prit entièrement par surprise.
Otto fit volte-face, se plaçant entre les deux lits pour protéger Treize. Noin l'imita, plus lentement. Zechs s'était acculé contre le mur et tremblait, ses mains se crispant et se décrispant dans les draps. Comme à chaque crise, l'expression sur son visage n'avait plus rien de civilisé. Sa lèvre supérieure était retroussée en un rictus agressif et ses yeux étrécis. Pourtant on n'aurait pas cru qu'il pouvait réellement voir quoi que ce soit. Ses yeux paraissaient ... vides. Nulle trace de son intelligence, de son humour discret, de son éducation dans ces prunelles glacées.
Nulle trace de lui.
Il commença à s'agiter, donnant des coups de pieds pour se libérer des draps. Au début ils furent lents, endormis, mais Noin et Otto avaient fait l'expérience de ce genre de crises et en général elles finissaient par un déchaînement de violence aveugle et frénétique. Les premières fois, ils avaient essayé de l'attacher au lit pour le garder sous contrôle, mais ça ne faisait que rallonger les crises et les rendre encore bien pires, et que Zechs finisse par briser ses liens ou pas, il se débrouillait toujours pour se blesser avec les entraves. Le mieux à faire, avaient-ils découvert, c'était encore de s'écarter et de le laisser se calmer tout seul. Mais avec Treize lui aussi dans la pièce...
-Lieutenant Otto, poussez-vous.
Surpris, les deux lieutenants jetèrent un coup d'œil derrière eux. Le général étaient assis contre la tête du lit, fixant Merquise avec une intensité étonnante -- et peut-être pas tout à fait normale.
-Mon Général...
-Poussez-vous.
Il y avait un petit raclement rauque dans sa voix, et Otto se déplaça sans répondre, inquiet.
Treize ne dit rien pendant de longues minutes, se contentant d'observer. Noin ne savait plus à qui prêter attention, lui ou Zechs.
-Mes crises ressemblent-elles à ça? demanda-t-il finalement.
Il avait l'air si parfaitement détaché, on aurait pu croire qu'il parlait du temps qu'il faisait.
-Oui... mais elles sont en général plus courtes et moins fréquentes. Nous n'avons pas été capables de déterminer la raison de cette différence.
Sa voix, pourtant prudemment douce, déclencha un nouveau sursaut et un grondement menaçant de la part du blond. Les yeux de Zechs parcoururent la pièce sans s'arrêter sur rien, et il fronça les sourcils, comme s'il s'efforçait de percer du brouillard.
Ses yeux et ceux de Treize se rencontrèrent pendant une seconde, et elle eut l'impression que pour la première fois, Zechs avait vu. Ca ne dura pas malheureusement; deux secondes plus tard le blond en était de nouveau à gronder sourdement et à déchirer les draps qui le restreignaient.
-La fenêtre... Ouvrez-la.
Noin hésita.
-Mon Général, il fait froid...
Elle le vit étrécir les yeux, son expression hésiter juste entre agacé et féroce.
Elle alla ouvrir la porte-fenêtre.
Dehors, le soleil allait se coucher, et le ciel s'assombrissait déjà malgré l'heure pas si tardive. Elle laissa les volets juste entrouverts, pour que le reste de lumière ne dérange pas Zechs. Il était déjà suffisamment agité comme ça.
L'effet fut contraire à ce qu'elle avait craint. Zechs se calma vite, ses muscles tendus se relaxant. Il leva la tête, les yeux à demi-ouverts, toujours voilés, les narines palpitantes.
Treize l'observait en silence, pensif. Il fit signe à Noin de s'écarter de la porte-fenêtre, et elle recula lentement entre les deux lits.
Les grondements sourds s'échappant de la gorge du blond s'espacèrent puis disparurent.
-Ne le couvrez pas, conseilla le Général quand il vit Noin hésiter, une couverture en main. Rapprochez la couverture de lui, mais ne la mettez pas sur lui.
Elle se rapprocha prudemment, mais même si les yeux bleu clair de Zechs se tournèrent vers elle -- sans vraiment sembler la reconnaître comme toujours-- il se contenta de se tendre un peu, la laissant amonceler les couvertures tout autour de lui, comme une sorte de nid, sans protester davantage.
C'était étrange de voir un homme aussi grand, aussi large d'épaules que Zechs, se rouler en boule comme un enfant, comme un chat presque. Dérangeant, pas tellement pour la position elle-même, mais pour le naturel avec lequel ça semblait lui venir. Mais au moins il était calme. Peut-être que tout ce dont il avait besoin, c'était de ne pas se sentir prisonnier. Il n'était pas claustrophobe habituellement, mais ...
Finalement, il fut clair que la crise était passée, et quand Treize ferma les yeux et parut vouloir se reposer, Otto quitta la pièce sans bruit. Noin hésita longuement dans l'embrasure, puis finalement décida de la laisser entrouverte, juste au cas où. Une était assise sur le canapé, enroulant et déroulant l'une de ses nattes en chignon, et ne semblait pas vouloir reconnaître leur présence, ce qui convenait très bien à Noin.
La jeune femme s'assit à la table, se trouva un rapport de mission à lire, et finalement, laissa la quiétude du crépuscule la convaincre de se relaxer.
Le soleil disparut entièrement, le ciel se peignit de couleurs plus sombres, des roses et des violets somptueux, un petit vent frais courut dans la maison, et enfin elle s'immergea complètement dans son travail.
Et puis la lune se leva, et la situation tourna soudain au cauchemar.
* * * * * *
Elle secoua la tête et observa Zechs en silence alors qu'il échangeait des platitudes polies avec les autres officiers. Mis à part une fatigue chronique régressant lentement, il semblait parfaitement remis. Son apparence était exactement la même qu'avant; pas de zone de pilosité trop drue, pas de déformation musculaire ou osseuse -- au contraire, au scanner, son avant-bras gauche ne montrait presque plus de trace de cette fracture datant de l'académie militaire, et les signes de stress que son cœur gardait après la crise cardiaque que le Tallgeese lui avait infligée s'étaient volatilisés. Il était en meilleure forme qu'avant. Mais elle ne pouvait accepter que c'était fini, que tout était rentré dans l'ordre.
Tout n'était pas rentré dans l'ordre, elle le savait ; ils le savaient tous. Leurs sens étaient toujours hyperactifs, et ils avaient imperceptiblement changé.
Elle se rappellerait probablement toujours de la terreur qu'elle avait ressenti quand il s'était rué dehors à travers la fenêtre, trébuchant, rampant dans sa lutte désespérée pour atteindre la lisière de la forêt, qu'il avait commencé à se métamorphoser, masse de chair changeante, juste assez loin du chalet pour qu'elle ne puisse voir les détails les plus horribles et juste assez près pour qu'elle puisse les imaginer bien mieux qu'elle ne l'aurait voulu -- quand Kushrenada avait changé aussi, en pleine lumière cette fois, juste sur le porche -- quand Otto et Une et elle avaient dû faire face à la scène de cauchemar, à la manière impossible dont leurs corps se brisaient, fondaient pour mieux se reformer en quelque chose de totalement étranger. Elle se rappelait encore du goût acide dans sa gorge comme elle se retenait de vomir, des sanglots d'horreur étouffés d'Une...
Otto les avait tirées en arrière, à l'abri, verrouillé la porte, et puis ils avaient entendu un hurlement de bête dans les bois, et, réalisant ce que c'était, il s'était effondré dans un coin et avait passé un bon quart d'heure à avoir une crise de nerfs. Noin s'était débrouillée pour n'avoir la sienne qu'après avoir barricadé toutes les issues.
Elle n'avait jamais imaginé que les monstres de légende puissent exister.
Mais le lendemain, l'homme nu endormi sous le balcon, c'était toujours Zechs... Sale, cheveux emmêlés, mais miraculeusement sain d'esprit.
Ou presque. Parce que le coup de retrousser la lèvre quand quelqu'un se penchait sur lui ou lui disait quelque chose qu'il n'aimait pas, c'était un tic qu'il n'avait jamais eu avant.
* * *
Bon alors. heuuu. *essaye de s'organiser* *y arrive pas*
J'ai essayé de me faire une petite liste de personnes à qui envoyer le chapitre, mais je peux pas choisir, je me sens méchante ;_; et en plus j'ai la grosse flemme de l'envoyer à quelqu'un, corriger ce que je veux corriger, l'envoyer à quelqu'un d'autre etcetera. Je crois que je vais juste le poster ici, et vous pouvez soit m'envoyer la betalecture par mail, soit dans un commentaire. S'il vous plait, arrangez-vous pour que je voie vos corrections(en les mettant entre * * ou / / ou en gras ou d'une autre couleur, qu'importe tant que ce que vous avez changé me saute aux yeux)
Les fautes de frappes, erreurs d'accords et tout, je serai contente de les voir corrigées, mais ce qui m'intéresse surtout, c'est les tournures de phrases qui sonnent pas françaises. L'anglais veut pas me laisser partir, sérieux. T_T
(Meanne m'a fait certaines corrections la dernière fois que j'ai posté un extrait, mais je suis flemmarde alors j'ai pas fini de corriger le texte. Pardooon. Vous en faites pas si vous répétez, c'est juste une preuve que c'est vraiment un truc à changer d'urgence)
Quand ils avaient su que la base presque abandonnée où Zechs avait réparé le Gundam de Heero allait passer des mains d'OZ à la nouvelle faction militaire de Romafeller (nommée très intelligemment Armée de Romafeller, ou AR), et qu'ils s'étaient rendus compte que les diagrammes de construction de Wing étaient probablement toujours stockés là-bas, le choix de pilotes s'était fait de lui-même : Trowa connaissait la base et les trois autres étaient toujours en train de trifouiller dans leurs Gundams. Mais maintenant qu'il y était, Quatre se demandait franchement ce qu'il glandait en Antarctique.
Premier problème : il était seul avec Trowa.
Peut-être n'était-ce plus réellement un problème maintenant qu'ils avaient arrangé leur différent, mais c'était quand même ennuyeux. Quatre se devait de faire passer sa mission avant sa vie sentimentale et c'était ce qu'il faisait, aussi ne craignait-il pas de se laisser distraire au mauvais moment; il était plus professionnel que ça.
Mais quand ils ne planifiaient pas, et qu'il pouvait enfin penser à autre chose qu'à son devoir, le seul sujet qui lui venait en tête était : comment faire changer Trowa d'avis? Et pour le moment, il n'en avait pas la moindre idée. Avoir une chance avec Trowa était une surprise énorme et une responsabilité encore plus grande; il en venait presque à regretter le temps où il était persuadé qu'il n'arriverait jamais à rien et qu'il se contentait de rêver en secret. Au moins c'était plus facile. Mais il n'était pas assez lâche pour ne pas saisir sa chance quand elle lui passait devant...
... seulement pas très inspiré.
Second problème: Trowa le lui avait dit. Heero le lui avait dit. Il le savait lui-même, intellectuellement. Mais savoir intellectuellement que l'Antarctique, c'est FROID, et le ressentir jusque dans la moelle de ses os, c'est différent.
Le guépard frissonna et se mit à fouiller son sac à la recherche d'un autre pull à enfiler par dessus les trois qu'il portait déjà. Malheureusement, le seul qu'il avait était trop petit pour passer par-dessus; il aurait dû le mettre en premier et il n'y avait pas moyen qu'il enlève ceux qu'il portait, même une seconde. A défaut de mieux, il le jeta sur ses épaules comme un châle et croisa les bras, frissonnant.
Si c'était ça à l'intérieur d'une maison étanche et vaguement chauffée, il ne voulait pas savoir ce que ce serait à l'extérieur avec du vent. Il espérait juste que la mission nécessiterait les Gundams. Ils avaient des radiateurs. Quoique vu qu'ils allaient devoir être discrets...
Enfin, tout ça dépendrait des renseignements préliminaires; Trowa devait être en train de lire les relevés des radars pour déterminer à quelle distance les Gundams pourraient s'approcher. Frissonnant toujours, l'arabe sortit de la chambre et le rejoignit.
-Alors, quoi de neuf? demanda-t-il, souriant poliment.
Trowa ne souriait pas. Son regard n'était pas pensif comme d'habitude, mais sérieux, même un peu grave.
-Les Rommies sont en avance.
* * * * * *
Duo avait passé les cinq derniers jours à tester sans relâche le fonctionnement des nouveaux lance-flammes de Deathscythe, et ça semblait marcher, quoique pas encore parfaitement.
Il finit de taper les résultats de son dernier recalibrage et envoya le document à Howard avec un soupir de soulagement. Enfin, la tâche si ennuyeuse était finie! Il jeta un coup d'œil à l'horloge de son ordinateur. Seulement cinq heures de l'après-midi, il était plus tôt que ce qu'il aurait cru. Il eut un sourire. Pas qu'il n'avait pas adoré passer des heures à bricoler pour ajuster son nouveau joujou, mais enfin, un peu de temps pour lui-même! Que faire...?
'Ca fait longtemps que j'ai pas passé un peu de temps avec Heero,' pensa-t-il avec un sourire amusé. Pour une fois que c'était lui qui délaissait son ami pour cause de rapport à taper... Il se leva d'un bond, s'étira, et partit d'un pas énergique à la recherche de son partenaire.
Heero était à l'arrière de la ferme, dans le pré du fond, en train de se battre avec Wufei. Duo se sentit alarmé pendant un moment, jusqu'à ce qu'il réalise qu'ils s'entraînaient. Quand Wufei réussissait à toucher Heero, Heero imitait son mouvement pour se le mettre en tête et Wufei lui montrait comment le bloquer, ou vice-versa. Pour ajouter un peu de difficulté, ils ne le faisaient pas dans l'ordre. Quelquefois Wufei sortait un nouveau coup alors que Heero en était toujours à répéter le premier et Heero devait inventer un autre moyen de parer.
Duo les observa pendant un long moment. Ces formes stylisées de combat ne lui étaient pas vraiment familière, il était surtout doué en street-fight et "tous les coups sont permis", mais à regarder, c'était magnifique, presque comme une danse. Heero et Wufei avaient tous les deux un rythme, un équilibre, une grâce, qui rendait ce qu'ils faisaient aussi beau que mortel.
Pendant tout le temps qu'il les regarda, ils n'échangèrent pas un mot. Synchrones... apparemment c'était loin d'être la première session de ce type qu'ils avaient. Il ne savait même pas s'ils savaient qu'il était là; ils n'en donnaient pas l'impression, et pourtant leurs sens surdéveloppés auraient dû les prévenir... Mais ils semblaient si totalement concentrés l'un sur l'autre qu'au final, il n'aurait pas été surpris d'apprendre qu'ils avaient oublié le reste du monde.
Après une demi-heure, ils n'avaient toujours pas l'air de ralentir. Il s'aperçut que Wufei l'avait vu, mais puisqu'il n'avait pas l'air surpris, Duo en conclut que le garçon l'avait senti venir à un moment ou à un autre.
Le chinois recula d'un bond et quitta sa position de combat, désignant Duo du menton. Heero se retourna, essuyant la sueur sur son front d'un revers de bras.
-Tu voulais quelque chose? demanda-t-il.
Comme s'il avait besoin de vouloir quelque chose pour venir les voir, se dit Duo.
-Non, répondit-il simplement.
Heero cligna des yeux, puis se retourna vers Wufei comme s'il allait reprendre l'entraînement sans plus se soucier du visiteur. Wufei vit les yeux de Duo s'étrécir et se dit que Heero avait peut-être beaucoup changé, mais il avait quand même des moments de totale insensibilité.
-Tu veux pratiquer, Maxwell? demanda-t-il.
Duo eut un grand sourire et approcha d'un pas énergique.
-Ouais, bien sûr!
Heero fronça des sourcils à l'encontre de Wufei, comme s'il lui reprochait d'avoir invité le pilote à la natte, et Duo se sentit soudain malvenu.
-Je dérange? demanda-t-il avec un sourire qui était un peu moins sincère que le précédent.
Heero cligna des yeux et se rendit compte de la manière dont ses actions pouvaient être interprétées.
-Ce n'est pas ça, mais... Duo, tu n'es pas un garou, et...
-Parce que je suis pas un garou, je peux pas me battre avec vous? T'es un bon combattant, et Wufei aussi, mais je sais me défendre. En plus, aucun d'entre vous ne saigne, donc pas de risques de contamination, et puis, un peu d'entraînement ne me ferait pas de mal non plus.
-Ce n'est pas ça, essaya d'expliquer Heero. On est plus résistant et plus forts, on pourrait te frapper trop fort et ne pas se rendre compte...
-Yuy, rassure-moi, le coupa Duo d'un ton soudainement froid. Tu n'es pas en train de me dire que je suis trop faible et trop fragile pour t'affronter?
-Non, mais... soupira le garçon.
Mais Duo pouvait lire sur son visage, clair comme le jour, que c'était exactement ce qu'il pensait.
Wufei grinça des dents et s'écarta prudemment.
Soudain, Duo en avait assez. Il avança jusqu'à être presque nez à nez avec Heero, et lui décocha calmement un coup de pied dans le tibia, le faisant chanceler en avant. Agrippage de t-shirt, coup de poing au ventre, poussée -- avant qu'il ait eu le temps de penser à réagir, Duo l'avait flanqué par terre.
-J'ai passé ma vie entière à trouver des moyens de casser la gueule à des mecs plus forts et plus résistants que moi, lâcha-t-il avant de faire demi-tour et de rentrer dans la maison.
Heero resta étalé par terre à le regarder s'éloigner, ébahi.
-Alors là, félicitations, Yuy, commenta Wufei d'un ton cynique, lui tendant la main pour le relever. C'est ce qu'on appelle mettre les pieds dans le plat, et en beauté.
-Mais qu'est-ce que j'ai dit? demanda-t-il, éberlué.
* * * * * *
Habituellement, Noin se considérait comme étant une jeune femme calme, raisonnable et professionnelle.
Habituellement.
Quand Zechs ne paradait pas devant des soldats d'une faction rivale en essayant de prétendre qu'il allait parfaitement bien.
Enfin, elle devait avouer que c'était uniquement parce qu'elle le connaissait bien qu'elle remarquait sa pâleur inhabituelle et la fatigue dans ses gestes. Il le dissimulait aux autres officiers avec un brio hallucinant... Mais s'il y avait eu une autre solution que de l'envoyer superviser la passation de pouvoir sur cette base en personne, elle l'aurait probablement enfermé dans sa chambre pour qu'il se repose.
Quoique... finalement, non, l'enfermer n'était pas une bonne idée, se dit-elle en se rappelant cette nuit trois semaines plus tôt... la nuit de la dernière pleine lune.
~flashback~
-Le périmètre est bouclé correctement?
Noin hocha la tête, se refusant à commenter sur le ton encore plus sec que d'habitude d'Une et son air suspicieux. Elle détestait le colonel cordialement, mais elle comprenait combien Une était stressée, aussi se refusa-t-elle de se sentir outragée par l'implication qu'elle faisait mal son travail.
Dans l'autre coin de la petite pièce douillette, Otto trafiquait un système de surveillance, l'améliorant à ses spécifications. Noin était contente qu'il ait réussi à convaincre Une de le laisser venir. Il était un bon soldat, très compétent en mécanique et tout aussi dévoué à Zechs qu'elle, peut-être même plus. Lui aussi était énormément inquiété par l'état instable de Zechs.
Zechs et Treize étaient tombés malade (ou avaient été empoisonnés, personne ne savait au juste) presque un mois auparavant, quelque temps après la capture manquée des pilotes. Aucun des docteurs qui les avaient examinés n'avait été capable de déceler quoi que ce soit et de peur de révéler une faiblesse à leurs ennemis, Une avait décidé d'emmener Kushrenada dans une retraite secrète. Noin avait dû déployer des trésors de persuasion pour la convaincre de prendre Zechs aussi.
La seule chose que les docteurs décelaient d'anormal était les taux d'hormones absolument insensés, mais à part les sautes d'humeur, cela n'expliquait rien; ni la manière dont leur ouie devenait soudain hypersensible, dont ils se rendaient malades à sentir des choses dont personne d'autre qu'eux n'était conscient, ni la vitesse à laquelle ils se fatiguaient, ni les réactions bizarres, à la limite de la psychose, que les deux hommes exhibaient, et encore moins pourquoi les injections pour rétablir un taux d'hormones normal ne fonctionnaient jamais.
Ils ne savaient même pas d'où c'était venu. Avant que ça ne devienne un réel problème, Une avait mis l'irritabilité exacerbée de Kushrenada sur le compte de l'évasion du pilote 05 et avait essayé de ne pas le prendre personnellement. La seule chose qu'ils savaient, c'était qu'apparemment Treize avait été touché plus tôt, et avait contaminé Zechs avec la transfusion.
Noin était à moitié sûre que c'était de la faute de Chang Wufei. Ce serait bien son genre d'infiltrer leur base dans le seul but d'infecter Général Kushrenada avec un nouveau virus ou agent biochimique. Il n'avait pas hésité une seule seconde à faire exploser les dortoirs de ses Cadets plutôt que de se fatiguer à détruire les Mobile Suits qu'ils devraient piloter, après tout.
La jeune femme s'adossa au mur de bois, bras croisés, et considéra pensivement la petite pièce. Le chalet de montagne n'était pas très grand, à peine suffisant pour leur petit groupe. La seule chambre à coucher n'avait que deux lits, occupés par Kushrenada et Merquise. Une, Otto et elle devraient probablement alterner l'occupation du canapé.
-Comment vont-ils? se décida-t-elle à demander à voix basse.
Une haussa les épaules d'un geste brusque et se leva pour aller jeter un coup d'œil à la carte de la région sur le mur. Noin ne savait pas ce qu'elle cherchait, vraiment; si elle avait choisi ce coin là c'était bien parce qu'aux alentours, il n'y avait rien.
-Leur état est stationnaire, lâcha-t-elle sans se retourner pour lui faire face, les épaules crispées.
Noin comprit qu'elle mentait.
-Ils n'ont toujours pas repris conscience? demanda-t-elle pour confirmer, essayant de ne pas se laisser submerger par l'inquiétude.
-C'est ce que je viens de dire, non? répliqua Une agressivement.
Otto lui jeta un coup d'œil compatissant et Noin se calma. Elle ne pouvait pas voler dans les plumes d'Une, aussi satisfaisant que ça puisse être. D'une c'était sa supérieure et de deux ça n'arrangerait rien. Zechs et le général Kushrenada seraient toujours en train de-- non, pas en train de mourir. Ils allaient se rétablir bientôt. Elle le savait. Ils avaient subi pire que ça et s'en étaient sorti...
Pour une fois elle regrettait de ne pas fumer. Elle en aurait bien eu besoin.
Elle se redressa et se dirigea vers la porte de la chambre en silence, saisie par le besoin de vérifier. Sa main était sur le poignée quand Une remarqua ce qu'elle faisait.
-Ils se reposent! Laisse-les tranquille.
A ce moment, Noin entendit un mouvement à travers la porte.
-Il y en a un qui est réveillé, répondit-elle, contente de l'excuse.
Elle ouvrit la porte prudemment. Par réflexe, Otto étendit la main pour éteindre la lumière, sachant qu'il y avait une bonne chance que leurs supérieurs y soient hypersensibles, et elle lui lança un sourire de remerciement.
Il ne l'éteignit pas assez vite pour qu'elle ne voie pas le double reflet étrange dans l'un des lits, comme deux lucioles dans le noir.
Les yeux de Treize étaient ouverts et il la regardait.
-Général...? appela-t-elle doucement, pas certaine qu'il soit d'humeur à se laisser approcher.
-Où sommes-nous?
Elle se détendit. Il sonnait normal.
-En Suisse, mon général.
Une la bouscula et entra dans la pièce. Treize se redressa lentement, et Une donna l'impression qu'elle allait se précipiter pour l'aider. Mais il leva la main pour lui dire de ne pas approcher, et elle se figea.
-Monsieur Treize...
Elle semblait surprise, un peu blessée, et Noin la comprenait ; elle aussi aurait été blessée si Zechs lui avait interdit d'approcher. Mais elle comprenait Treize aussi. Pendant une fraction de seconde, alors que Une avait été prête à s'élancer, elle avait vu les muscles de son supérieur se tendre brièvement et son expression se durcir, comme s'il avait été au bord d'une autre de ses étranges crises de fureur. Il était assez sain d'esprit pour se rendre compte à quel point il était instable.
-De l'eau, s'il vous plaît, Lady Une ? la coupa-t-il avec une version fatiguée de son sourire charmeur.
Une hésita, puis, apparemment rassurée par son expression calme, fit demi-tour pour aller lui remplir un verre d'eau. Noin resta près de la porte, jetant un regard à Zechs qui dormait d'un sommeil agité, les jambes emmêlées dans ses couvertures et ses longs cheveux blonds collés à sa peau humide de sueur. Suivant son regard, Treize observa son subordonné d'un air impénétrable, puis se tourna vers la brunette.
-Où sommes-nous, lieutenant ?
-Alpes Suisses, près de Genève, un chalet dans la forêt, mon Général. Votre état s'aggravait et le colonel Une a jugé prudent de vous mettre à l'abri en attendant votre rétablissement.
-Quel jour sommes-nous ? demanda-t-il, continuant son interrogatoire méthodiquement.
Elle lui donna la date, rassurée de voir que son cerveau de tacticien était déjà en train de travailler sur le problème.
-... Cinq jours depuis mon dernier souvenir précis, remarqua-t-il à voix basse. Qui est au courant ?
-A part le colonel Une et moi-même, juste le lieutenant Otto, mon Général.
Son regard se fit vague pendant une seconde, comme si son attention était attirée ailleurs, et elle eut peur qu'il ne dérive encore.
-... C'est lui, l'homme dans l'autre pièce, alors, murmura-t-il, comme pour lui-même.
Noin hocha la tête, puis se dit qu'elle ne lui avait pas dit qu'il les avait accompagnés, alors comment savait-il où il était?
-Comment va Zechs ? lui demanda-t-il avant qu'elle ait pu poser la question.
Elle se mordit la lèvre.
-... Il n'a plus été lucide depuis dix jours, mon Général. Il alterne crises de douleurs, sautes d'humeur et ... crises de... ce qu'on ne peut qu'appeler démence. D'ailleurs...hésita-t-elle.
-... Ca m'arrive aussi, termina Kushrenada d'une voix pensive.
Derrière Noin, il y eut un éclat de voix étouffé, et elle se retourna juste à temps pour voir Une lâcher le verre plein d'eau, qui roula sur le plancher en éclaboussant ses bottes. Ses yeux étaient écarquillés et la jeune femme aux cheveux courts ne l'avait jamais vue avec cette expression ouverte et vulnérable.
-Lady...
-Je vais vous chercher un autre verre, lâcha-t-elle en disparaissant à nouveau.
Noin se demanda quand elle s'était détachée les cheveux.
Treize soupira, l'air un peu triste.
-Vous vous en rappelez, mon Général ?
-Pas réellement, répondit-il avec un sourire sans humour. Les souvenirs sont là, mais ils sont trop confus pour que je les comprenne. Et je ne vais pas essayer de les démêler maintenant, ajouta-t-il calmement, cela risquerait de provoquer une autre crise.
Il redevint silencieux, son regard vague une fois encore, et le lieutenant Noin décida de le laisser penser. Elle faisait confiance à ses capacités mentales. Et elle ne savait pas trop que demander.
* * *
Une revint, verre d'eau à la main, mais s'arrêta près de la porte, incertaine. Il lui fit signe de venir à son côté, et elle s'approcha à petits pas, son expression anxieuse et adoratrice à la fois. Gênée, Noin détourna le regard et s'adossa au mur près de la porte, à l'extérieur de la pièce. Ca semblait trop personnel pour qu'elle y assiste, mais elle ne pouvait s'éloigner plus que ça. Si Treize avait une crise maintenant, Une aurait besoin d'aide immédiatement.
Elle entendit Treize boire, un froissement de draps comme s'il se redressait lentement et difficilement dans son lit, et puis, après un moment de silence, sa voix basse et harmonieuse.
-Il y a quelque chose au fond de moi qui se bat pour sortir... et si je ne reste pas calme et en contrôle de moi-même à chaque instant, il me dévorera. J'ai besoin que vous restiez forte pour moi, Lady. Quand vous êtes en désarroi, je souffre aussi.
Otto et Noin échangèrent un regard de sympathie, aussi inconfortables l'un que l'autre, puis retournèrent à leur tentative de passer pour du papier peint.
-... Je comprends, murmura le colonel de sa voix douce et presque timide. Je me maîtriserai mieux à l'avenir, monsieur.
-Je vous remercie.
Embarrassée, Noin s'éloigna en silence, restant hors de vue, et alla rejoindre Otto pour voir où il en était.
Deux minutes plus tard, la voix d'Une s'élevait, de nouveau autoritaire et froide.
-Lieutenant Noin, lieutenant Otto. Général Kushrenada vous demande.
Il était en sueur, pâle et les mains imperceptiblement tremblantes, et bien qu'ils se soient habitués à le voir décoiffé quand il était inconscient, les deux lieutenants ne purent s'empêcher d'échanger un rapide regard de surprise à la vue de ses mèches en bataille, trempées de sueur.
-Mon Général, vous semblez fatigué...
-Je me reposerai plus tard, trancha-t-il, fronçant les sourcils.
Plutôt que de provoquer son tempérament instable, ils acquiescèrent.
-Quelle est la situation ?
Ils lui expliquèrent tour à tour comment ils les avaient enlevé Zechs et lui, puis pourquoi la montée en influence de commandants rivaux de Treize, dans OZ et d'autres groupes, l'avait rendue nécessaire. Sans Treize pour les forcer à le suivre ou à s'unir contre lui, ils commençaient à essayer d'échapper à son influence. Romafeller, qui avait été la maison mère de OZ avant la sécession, restait leur adversaire le plus inquiétant, mais des colonies comme de nombreuses régions du globe, des soldats, des mercenaires, des politiques venus de diverses classes sociales s'unissaient selon leurs intérêts pour faire valoir leurs propres revendications.
Fatigué, Treize ferma les yeux.
-... Au moins ils ne s'unissent pas contre nous.
Il pouvait déjà entrevoir le défi que ça serait de convaincre la plupart de ces partis, de ces factions de se ranger une fois encore sous la bannière d'OZ, et de détruire ceux qui n'accepteraient pas de se ranger à leurs côtés pour le bien commun, trop obnubilés par leurs intérêts propres pour se soucier des intérêt de la race humaine elle-même.
S'ils ne le suivaient pas, il les détruirait. Il était déjà résigné à faire le deuil des inévitables entêtés, mais ça n'était pas ça qui allait l'arrêter.
* * *
Ils continuèrent à discuter à voix basse pendant plusieurs minutes. Au début, Noin vérifia régulièrement qu'ils ne dérangeaient pas Zechs; il avait besoin de repos. Mais comme il ne bougeait pas, elle cessa de s'inquiéter.
Le grondement derrière elle la prit entièrement par surprise.
Otto fit volte-face, se plaçant entre les deux lits pour protéger Treize. Noin l'imita, plus lentement. Zechs s'était acculé contre le mur et tremblait, ses mains se crispant et se décrispant dans les draps. Comme à chaque crise, l'expression sur son visage n'avait plus rien de civilisé. Sa lèvre supérieure était retroussée en un rictus agressif et ses yeux étrécis. Pourtant on n'aurait pas cru qu'il pouvait réellement voir quoi que ce soit. Ses yeux paraissaient ... vides. Nulle trace de son intelligence, de son humour discret, de son éducation dans ces prunelles glacées.
Nulle trace de lui.
Il commença à s'agiter, donnant des coups de pieds pour se libérer des draps. Au début ils furent lents, endormis, mais Noin et Otto avaient fait l'expérience de ce genre de crises et en général elles finissaient par un déchaînement de violence aveugle et frénétique. Les premières fois, ils avaient essayé de l'attacher au lit pour le garder sous contrôle, mais ça ne faisait que rallonger les crises et les rendre encore bien pires, et que Zechs finisse par briser ses liens ou pas, il se débrouillait toujours pour se blesser avec les entraves. Le mieux à faire, avaient-ils découvert, c'était encore de s'écarter et de le laisser se calmer tout seul. Mais avec Treize lui aussi dans la pièce...
-Lieutenant Otto, poussez-vous.
Surpris, les deux lieutenants jetèrent un coup d'œil derrière eux. Le général étaient assis contre la tête du lit, fixant Merquise avec une intensité étonnante -- et peut-être pas tout à fait normale.
-Mon Général...
-Poussez-vous.
Il y avait un petit raclement rauque dans sa voix, et Otto se déplaça sans répondre, inquiet.
Treize ne dit rien pendant de longues minutes, se contentant d'observer. Noin ne savait plus à qui prêter attention, lui ou Zechs.
-Mes crises ressemblent-elles à ça? demanda-t-il finalement.
Il avait l'air si parfaitement détaché, on aurait pu croire qu'il parlait du temps qu'il faisait.
-Oui... mais elles sont en général plus courtes et moins fréquentes. Nous n'avons pas été capables de déterminer la raison de cette différence.
Sa voix, pourtant prudemment douce, déclencha un nouveau sursaut et un grondement menaçant de la part du blond. Les yeux de Zechs parcoururent la pièce sans s'arrêter sur rien, et il fronça les sourcils, comme s'il s'efforçait de percer du brouillard.
Ses yeux et ceux de Treize se rencontrèrent pendant une seconde, et elle eut l'impression que pour la première fois, Zechs avait vu. Ca ne dura pas malheureusement; deux secondes plus tard le blond en était de nouveau à gronder sourdement et à déchirer les draps qui le restreignaient.
-La fenêtre... Ouvrez-la.
Noin hésita.
-Mon Général, il fait froid...
Elle le vit étrécir les yeux, son expression hésiter juste entre agacé et féroce.
Elle alla ouvrir la porte-fenêtre.
Dehors, le soleil allait se coucher, et le ciel s'assombrissait déjà malgré l'heure pas si tardive. Elle laissa les volets juste entrouverts, pour que le reste de lumière ne dérange pas Zechs. Il était déjà suffisamment agité comme ça.
L'effet fut contraire à ce qu'elle avait craint. Zechs se calma vite, ses muscles tendus se relaxant. Il leva la tête, les yeux à demi-ouverts, toujours voilés, les narines palpitantes.
Treize l'observait en silence, pensif. Il fit signe à Noin de s'écarter de la porte-fenêtre, et elle recula lentement entre les deux lits.
Les grondements sourds s'échappant de la gorge du blond s'espacèrent puis disparurent.
-Ne le couvrez pas, conseilla le Général quand il vit Noin hésiter, une couverture en main. Rapprochez la couverture de lui, mais ne la mettez pas sur lui.
Elle se rapprocha prudemment, mais même si les yeux bleu clair de Zechs se tournèrent vers elle -- sans vraiment sembler la reconnaître comme toujours-- il se contenta de se tendre un peu, la laissant amonceler les couvertures tout autour de lui, comme une sorte de nid, sans protester davantage.
C'était étrange de voir un homme aussi grand, aussi large d'épaules que Zechs, se rouler en boule comme un enfant, comme un chat presque. Dérangeant, pas tellement pour la position elle-même, mais pour le naturel avec lequel ça semblait lui venir. Mais au moins il était calme. Peut-être que tout ce dont il avait besoin, c'était de ne pas se sentir prisonnier. Il n'était pas claustrophobe habituellement, mais ...
Finalement, il fut clair que la crise était passée, et quand Treize ferma les yeux et parut vouloir se reposer, Otto quitta la pièce sans bruit. Noin hésita longuement dans l'embrasure, puis finalement décida de la laisser entrouverte, juste au cas où. Une était assise sur le canapé, enroulant et déroulant l'une de ses nattes en chignon, et ne semblait pas vouloir reconnaître leur présence, ce qui convenait très bien à Noin.
La jeune femme s'assit à la table, se trouva un rapport de mission à lire, et finalement, laissa la quiétude du crépuscule la convaincre de se relaxer.
Le soleil disparut entièrement, le ciel se peignit de couleurs plus sombres, des roses et des violets somptueux, un petit vent frais courut dans la maison, et enfin elle s'immergea complètement dans son travail.
Et puis la lune se leva, et la situation tourna soudain au cauchemar.
* * * * * *
Elle secoua la tête et observa Zechs en silence alors qu'il échangeait des platitudes polies avec les autres officiers. Mis à part une fatigue chronique régressant lentement, il semblait parfaitement remis. Son apparence était exactement la même qu'avant; pas de zone de pilosité trop drue, pas de déformation musculaire ou osseuse -- au contraire, au scanner, son avant-bras gauche ne montrait presque plus de trace de cette fracture datant de l'académie militaire, et les signes de stress que son cœur gardait après la crise cardiaque que le Tallgeese lui avait infligée s'étaient volatilisés. Il était en meilleure forme qu'avant. Mais elle ne pouvait accepter que c'était fini, que tout était rentré dans l'ordre.
Tout n'était pas rentré dans l'ordre, elle le savait ; ils le savaient tous. Leurs sens étaient toujours hyperactifs, et ils avaient imperceptiblement changé.
Elle se rappellerait probablement toujours de la terreur qu'elle avait ressenti quand il s'était rué dehors à travers la fenêtre, trébuchant, rampant dans sa lutte désespérée pour atteindre la lisière de la forêt, qu'il avait commencé à se métamorphoser, masse de chair changeante, juste assez loin du chalet pour qu'elle ne puisse voir les détails les plus horribles et juste assez près pour qu'elle puisse les imaginer bien mieux qu'elle ne l'aurait voulu -- quand Kushrenada avait changé aussi, en pleine lumière cette fois, juste sur le porche -- quand Otto et Une et elle avaient dû faire face à la scène de cauchemar, à la manière impossible dont leurs corps se brisaient, fondaient pour mieux se reformer en quelque chose de totalement étranger. Elle se rappelait encore du goût acide dans sa gorge comme elle se retenait de vomir, des sanglots d'horreur étouffés d'Une...
Otto les avait tirées en arrière, à l'abri, verrouillé la porte, et puis ils avaient entendu un hurlement de bête dans les bois, et, réalisant ce que c'était, il s'était effondré dans un coin et avait passé un bon quart d'heure à avoir une crise de nerfs. Noin s'était débrouillée pour n'avoir la sienne qu'après avoir barricadé toutes les issues.
Elle n'avait jamais imaginé que les monstres de légende puissent exister.
Mais le lendemain, l'homme nu endormi sous le balcon, c'était toujours Zechs... Sale, cheveux emmêlés, mais miraculeusement sain d'esprit.
Ou presque. Parce que le coup de retrousser la lèvre quand quelqu'un se penchait sur lui ou lui disait quelque chose qu'il n'aimait pas, c'était un tic qu'il n'avait jamais eu avant.
* * *
no subject
*quietly goes to bablefish*
no subject
Je me serais bien proposée aussi pour la beta-lecture mais ... Z'AI PAS LE TEMPS !!! *goes sniffle in a corner*
Ahem ..; cependant, j'attends toujours chaque chapitre avec impatience, et ... Duo qui flanque Heero par terre pour lui donner une bonne leçon, ça me botte ! Y serait peut-être temps que les garous du groupe se rapelle d'où il vient, le bonhomme ! Faudrait pas trop nous l'énerver, le Duo, déjà que là, il a l'air salement en colère ... Bien fait pour la pomme du gros loup, l'avait qu'à pas le provoquer ! Niah !
*flies away to avoid homicidal Heero*
no subject
(Anonymous) 2004-12-14 11:56 am (UTC)(link)Ce sera près d'ici ce week-end, si mon ordi m'efface pas le fichier dès que j'ai fini (c'est son passe-temps favori).
Kymoon
no subject
Neko²